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Assaisonnement

(nouvelle)

Légumes avec garniture de rôti
Quelques légumes avec garniture de rôti

   L'universel arbre à palabres...
   Je ne suis pas sectaire. J'écoute même mieux que ceux qui s'expriment. Sociable et laconique.
   Ma moitié a trouvé mon silence éloquent. Elle devait s'y connaître en éloquence. Elle dispense à la ville son savoir. Partie de mon écosystème, notre progéniture qui parle par accès, avant de se murer dans un silence réprobateur. Un silence tactique, accroche, manifestation d'un malaise qui affleure, jugement. Le mien se suffit à lui-même. On est habitué. Et je ne refuse pas les instructions et les réponses indispensables.
   Je ne suis même pas indisposé par les diffusions de bruits et d'images.
   Je tiens du bisaïeul, qui est mort, j'avais dix ans.
   Un amoureux des mots pourtant, qu'il cultivait à ses moments perdus. On m'a raconté. Un papier qu'il tire de la poche gauche de son pantalon, qu'il déplie. Il lit ce qui est écrit dessus sans mettre le ton, ni le fuir. Il le replie, le glisse dans la poche droite. Affaire classée. La défunte bisaïeule, fétichiste à ses heures, récupère le soir le papier dans la poche, et le serre dans des chemises. Il laisse faire, ça fait partie de son écot. Un écot de poèmes sans doute plus consistant que les mots que l'on sécrète. Pas étonnant, les poèmes. Dans cette famille de paysans, il y a toujours eu des tas de livres à l'étage, qu'on lisait aux saisons calmes. Ce ne sont pas les seuls paysans qui aient produit des lignées d'enseignants. On s'est arrêté à la Khâgne — mon père. Je détonne. Retour aux sources.
   Le bisaïeul a vendu ses terres sur un coup de sang, partagé ses biens entre ses quatre enfants, se réservant un maigre pavillon et deux bons hectares dans le lotissement d'une de ses filles. Pris des dispositions pour que les deux hectares ne soient pas vendus (cédés à qui ne les vendrait pas, sinon, jouissance commune). Sans moi, ce serait resté friches. J'ai tout reconstitué, dans le même état d'esprit.
   Je ne fais pas les marchés des environs comme lui. On vient me voir. Pas besoin de faire l'article. Le prix de l'Intermarché, mais c'est moi qui empoche, et me charge de la comptabilité. Il faut se crotter un peu, je tiens des sabots à disposition. Une attraction pour d'aucuns. J'accepte les chèques, pas les cartes, la plupart paient en liquide.
   Le coup de sang du bisaïeul, ça vient des directives européennes. Il ne comprenait pas qu'on payât son voisin pour abattre des arbres sains qui donnent des fruits, et que l'on subventionne le céréalier qui pourrit les terres, ou l'éleveur qui abat à la chaîne de pauvres gallinacés dont le seul intérêt, c'est d'empêcher le paysan sénégalais de vivre. Immangeables sauf ailleurs.
   Tout juste s'il ne connaissait pas chacun de ses légumes par leur nom. Il leur en aurait donné un, s'il y avait pensé. Pas un maniaque de la production, il ne songeait qu'à restituer les saveurs. Ses pommes n'étaient ni régulières, ni calibrées... mais le goût... Le pâtissier s'en servait pour ses tartes. Pour complaire à sa mère, la trisaïeule, dont le père venait du Portugal, il avait prévu un carré de choux de Galice (employés entre autres dans un bouillon de couleur verte), et un de ce que là-bas on appelle grelos. Autant dire qu'il y avait des immigrés dans sa pratique. Il allait jusqu'à reprendre des produits que l'on eût cru disparus. Cela attirait la toque galonnée.
   C'est ça que j'ai voulu reprendre, au grand dam de mes parents qui se croyaient définitivement extraits de la glèbe.
   Ils avaient de bonnes raisons d'espérer autre chose. Pas obtus à l'école, au contraire. Fallait se reporter aux devoirs pour s'en apercevoir. Jamais levé le doigt. La réponse prête pour l'indiscret. "Ne participe guère." Ça m'aurait valu l'estime des camarades si j'avais participé à leurs jeux. Rêveur mais attentif. Le paradoxe. Quelques succès plus tard. D'où ma moitié. Il est d'autres jeux auxquels j'aime à participer. J'intriguais parce que je ne cherchais pas à me distinguer. Question filières, ensuite, les recherches agronomiques jouissent d'un préjugé favorable. Mes parents avaient lu des livres de René Dumont. Je suis passé par Sup Agro, je me suis même mêlé à des chercheurs de l'INRA, avant de tout plaquer, dans le seul but de restaurer le potager du bisaïeul. J'ai rassuré la famille épouvantée en susurrant :
   - J'aurais pu entrer à l'Institut Technique de la Pomme de Terre.
   Une respectable institution au demeurant, dont mes parents n'avaient pas entendu parler.
   Je suis allé chercher des graines jusque dans la Sainte Russie qui possède un conservatoire de plantes introuvables.
   Ça a donné des idées à des restaurateurs dont je tiens ma réputation. On vient de loin, car je ne me soucie pas de distribuer. Puis, après avoir potassé des ouvrages sur les énergies renouvelables, je me suis bricolé un complexe de serres. Pas pour me faire des framboises en hiver. Ma grande fierté, c'est d'avoir retrouvé la saveur des oranges de Setubal, d'après un amateur centenaire qui avait connu la bisaïeule. Ce fruit présente l'avantage d'être à la fois très juteux, farci de pépins, et pas facile à éplucher. Il y des gens qui ont peur des pépins et des arêtes de poisson. D'où le succès des clémentines. Mais l'on trouve encore des mandarines si l'on sait à qui s'adresser. Même dans les serres, les fruits n'arrivent qu'à leur saison. D'anciens collègues qui viennent me voir sont effarés des résultats. Pour la rentabilité... Mais je ne tiens pas à me constituer un gros matelas d'argent. Il suffit que ça tourne. Et que j'arrive à le faire tourner. Le travail d'équipe, ce n'est pas mon truc. À l'INRA, je faisais des efforts pour l'endurer. Gratte-moi le dos que je te gratte le tien. Un ermite à ma façon. Même en famille.
   La déception de mes parents, je peux la comprendre. Les repas, dans mes enfances, ça virait vite réunion syndicale ou meeting. Pas du tout le bisaïeul. Ça boit raisonnablement, se torcher, c'est pas le genre de la maison, mais bien. Moi, plus tard, à peine un quart de verre, histoire de vérifier le bouquet et la vertu lubrifiante, il faut du nez pour apprécier tous les parfums qui se dégagent d'un simple gratin d'aubergines à la tomate, ou d'un chou rouge apprêté avec des pommes. Mon frère et ma soeur ont été bien meilleur public. Le premier fait partie du bureau national du SNESUP, la seconde ne jure que par le vitupérateur chiffonné du front de gauche, et fait des interventions assez remarquées pour qu'on les évoque dans la presse. Moi, je me contente de voter famille, à gauche.
   Cela dit, j'ai manifesté avant l'âge de raison. Dans une poussette avec un petit drapeau au bout d'un bâton fixé à l'arrière, puis sur les épaules de mon père, une affichette au dos de mon blouson. Je ne me souviens plus si c'était pour sa retraite ou pour la mienne. C'est moins cher qu'une baby-sitter, et ça forme l'esprit. Dire qu'ils n'avaient pas de mots assez durs pour les cagots...
   Si ma femme en tient pour les poèmes du bisaïeul, je suis surtout touché par un de ses principes culinaires qui n'est pas près d'être adopté : Traiter les légumes d'accompagnement, c'est leur faire injure. Il est permis de les assaisonner avec de la viande ou du poisson. Un exemple : le prétendu gigot d'agneau aux flageolets. Le vulgaire n'en a que pour le gigot. Les flageolets ne sont là que pour tremper dans le jus, quand on les dispose en couronne autour du gigot. Lui, ce serait plutôt une bonne platée de flageolets, avec juste une souris pour assaisonner les flageolets. Il avait même élaboré la liste des viandes, rouges ou blanches, ou des poissons qui peuvent rehausser le goût de tel ou tel légume. Il tolérait le riz et les pâtes, parce qu'il n'était pas borné, mais préférait les patates, dont il cultivait plusieurs variétés dans des carrés séparés. La bisaïeule, aussi fine cuisinière que lui, avait d'autant plus volontiers adopté l'idée que cela s'avère économique à long terme. J'ai formé ainsi le goût de mon épouse et de mes enfants.
   Je ne suis pas allergique à la vie sociale. La preuve, j'offre ma présence, et suis les conversations, sans intervenir. La plupart des questions étant rhétoriques, un hochement de tête suffit. Je sais écouter, je retiens même ce que l'on dit, parce que je ne suis pas occupé à suivre les torrents de ma propre pensée.
   Mon épouse, qui s'est prise de passion pour les productions du bisaïeul, essaie de fignoler une anthologie, en distinguant plusieurs époques, comme on fait des auteurs du Lagarde et Michard. C'est un choix qui se défend, comme d'autres. Ce morceau précédait son mariage avec la bisaïeule :

Dans un palais rempli de reines impérieuses
On jouait une scène et l'auteur rêvassait
Chaque réplique était un ange qui passait
Les mots rebondissaient dans les cervelles creuses

Un berger dévoué courtisait huit fileuses
Qu'un charme décisif en ces lieux retenait
Trois nains l'avaient prédit un chevalier venait
Qui durant quelques nuits pourrait les rendre heureuses

L'on est fort obligeant lorsque l'on fut crapaud
Il y a des malheurs qui font un honnête homme
De malveillantes fées croquent ainsi la pomme

Et les plus délicats se retrouvent penauds
Encore fallait-il mettre sur pied la scène
Et qu'une bonne idée qui passe nous entraîne

   La moitié semblait séduite par l'atmosphère et le ton. Assez pour ne pas tenir compte des rimes qui flattent l'oreille en contrariant l'oeil, ou du fait qu'il n'est pas trop compliqué de faire rimer des imparfaits et des adjectifs qui se terminent d'une certaine façon. L'allusion à une pièce chez quelqu'un qui n'a jamais mis les pieds dans un théâtre ne laissait pas de surprendre. On pouvait soupçonner en outre une certaine complaisance dans cette cascade de bergers, de chevaliers, de nains, et de fées équipées de leurs charmes spécifiques. Cela dit, la soupe étant réputée bonne, le maître n'a pas à faire la fine bouche devant ses élèves.
   Plus tardif, et moins gai, là je suis mon épouse, cet exercice sur deux rimes :

Je me fourvoie sans conséquence
Dans des endroits que j'ai connus
Sait-on jamais ce que l'on pense
Mais je retiens ce que j'ai lu

Était-ce un reste d'indolence
Ou le confort du déjà-vu
Je n'entrai dans aucune danse
Je dérivais au gré des des rues

Pour un soupçon de molle transe
Il a fallu que l'on vécut
Mes rêves tissent l'évidence

Sur un morceau de toile écrue
Je pressentais une romance
Mais l'argument a disparu

   Il venait de se marier l'ancêtre ! Pour quelqu'un qui n'entre dans aucune danse... J'espère pour la bisaïeule que ces transes n'étaient pas si molles que ça ! Une preuve en tout cas qu'il ne faut pas trop chercher des correspondances entre la vie et l'oeuvre. Peut-être menait-il une vie imaginaire. Plus riche que nos propres vies imaginaires. Le poète finit par oublier que c'est lui qui tient la plume. Il se borne à répondre à des questions qu'un autre se pose qui ne lui ressemble même pas comme un frère — réminiscence.
   Plus problématique, cet essai :

Une image entêtante
On ne sait quel passé
Nous offre le tracé
D'une ombre qui nous tente

Le lit de cette pente
A fixé ma pensée
Les dés furent lancés
Qu'importera l'attente

On croit que tout est joué
Reste l'heure présente
À jamais renflouée

D'une affaire pendante
On fait sa destinée
La main reste perdante

   Ma légitime tenait qu'il ne fallait pas chercher autre chose là-dedans qu'un léger malaise sans doute rétrospectif, l'essentiel étant le jeu d'un esprit qui flotte sans parvenir à se poser.
   Un des familiers de l'épouse que je soupçonne d'être surtout attiré par une cuisine radicalement différente, m'a suggéré une autre solution. Ce polygraphe féru d'analyse vient parfois crotter ses chausses dans mes allées. Rien qu'en le voyant jeter son dévolu sur un topinambour (un bout de maquereau frais pourra fournir un assaisonnement intéressant) j'ai été saisi par une illumination. L'ancêtre, sensible à l'air du temps, avait peut-être cherché ainsi à se débarrasser d'une image obsessionnelle. L'inconvénient de telles scories apparaît dans le dernier vers.
   La fin qui s'approche transforme le mutique en poète savant amateur de mots rares. L'épouse a été obligée de vérifier le sens d'un vocable qui s'applique au fumier ou aux racines des arbres qui blanchissent, sinon aux jambons qui se gâtent ou aux confitures dont la surface moisit.

Mon esprit se délite et ma tête chancit
La mémoire volette et retient l'imposture
La trame aura sans doute étalé sa couture
Du fleuve qui coulait on retiendra le lit

Gardé-je un souvenir de ce que j'aurais dit
De chaque phrase encore on perçoit la mâture
Toute ligne imposée réclame sa rature
Le spectacle étant beau le public applaudit

J'ai gagné cette vie en prenant ma retraite
Les années dossier clos souvenirs chose faite
On sent déjà venir quelque jour misérable

Oisive vieillesse en tout alanguie
De chaque minute un rien te soucie
Tu as bien mangé laisse-nous la table

   Elle a encore relevé la référence rimbaldienne et la construction anachronique d'un verbe. J'ai eu la tentation de lui soumettre un calembour : comme il était question de mâture, la présence d'un étambot s'imposait afin de ne pas perdre le nord. Peut-être ai-je soupçonné à tort une malice laborieuse de l'ancêtre. À moins d'y voir un faux lapsus. Le dernier vers fait peut-être allusion aux Trente Glorieuses qui laissent les nouvelles générations sans un rond. Mieux vaut que la moitié ne se rende pas compte que je fais un glossateur passable.
   Mon épouse fréquente à ses heures, avant de regagner notre foyer, le café du Boulevard Carnot où le polygraphe tient seul ses états, maintenant que son comparse a quitté notre monde. Il vient parfois déjeuner chez nous — le soir, c'est soupe de légumes, sur du pain, et pas question d'en altérer le goût par un dégradant chabrot. Si tu veux du vin chaud, fais-toi du vin chaud. Il a été particulièrement séduit par l'idée des viandes et des poissons juste bons à assaisonner les légumes. C'est mon épouse qui lui a expliqué le principe. Moi, ce serait plutôt : si ce que tu as dans ton assiette te plaît, c'est tant mieux. Un bon point : il ne s'est pas récrié la première fois sur des rutabagas à la limande ? Je ne crois pas qu'on lui ait fait la leçon.
   L'on a cru assister à un miracle, un jour. Sans s'adresser directement à moi, le docte, dans une conversation où il était question de députés à la chambre qui se conduisent encore plus mal qu'une classe particulièrement difficile, a voulu rehausser le débat :
   - La parole, dans notre espèce, relève de la foire d'empoigne. Les enjeux sont à la fois triviaux et symboliques. On a tort d'encourager les enfants et les adolescents à parler, passé l'apprentissage. Ils se prennent au jeu.
   Pour un monsieur qui se recommande par sa formation de psycho thérapeute, il ne manque pas d'aplomb. J'ouvre la bouche, à la surprise générale.
   - Les analystes encouragent leurs patients à parler.
   On attend que je précise ma pensée. Simple réflexe. Le silence se prolonge. Jusqu'à ce que Fred Caulan reprenne le crachoir.
   - C'est même leur raison d'être. Tout le monde ne trouve pas son compte dans la foire d'empoigne. Le dialogue n'est réel que si chacun parle à son tour. Et l'on est si absorbé par ses propres élans que l'on prépare sa prochaine intervention plus qu'on n'écoute son prochain. Les gens qui vont à confesse ne se rendent pas toujours compte que c'est leur tour, et qu'on les écoutera vraiment si l'on est compétent. Il est des exceptions que les curés appréhendent. Sur le divan d'un analyste, le client a payé pour le savoir : c'est plus sérieux. Nos théories ne sont qu'une perche que nous lui tendons. Il aura parlé tout son saoul. À force de chercher, il sera content de ce qu'il trouvera.
   Je comprends que ce monsieur ait fait son beurre en crachant dans la soupe. Tout le monde, y compris les plus jeunes y va de son commentaire. Il fait comme moi, il écoute. Ma moitié dit des choses très fines. Si je ne préférais pas, et de loin, mes légumes, je ferais un analyste sortable.
   Ce repas m'a au moins donné l'idée d'une farce. Comme si j'étais du genre à faire des farces. Je vais finir par croire que le babil du polygraphe, ce n'est qu'un hameçon. Je suis tenté d'ajouter une pièce au répertoire de l'ancêtre. À force d'écouter ma femme en parler, je me suis imprégné de la musique. Et je m'aperçois que ce n'est pas si aisé que ça. J'ai assez d'exemplaires de l'écriture de l'ancêtre pour l'imiter. D'ailleurs personne ne pensera à solliciter les services d'un graphologue.

Que feras-tu d'une idée qui s'éteint
Saisiras-tu la dernière parole
Les mots suivant les pas de la carole
J'ai négligé ou la paille ou le grain

En embrassant ce qu'elle avait étreint
La bouche a gardé la dernière obole
Nos rues ont longé de sourdes idoles
Le vin est tiré l'on a bu ce vin

Un souffle de mer éveille les pins
Une vague a traîné sa patte folle
Sur le sable dur du petit matin

La voile a tendu sait-on quel filin
Plus un claquement l'écume s'envole
D'autres seront là qui verront la fin

   L'avantage, quand l'on met la main à la pâte, c'est que l'on ne pompe rien au résultat. Peu importe, ma moitié trouvera bien ce que j'ai voulu dire. Je lui tends le papier (récupéré dans le grenier). Plié en quatre, un peu chiffonné :
   - Trouvé ça.
   - Où ça ?
   - Entre deux tiroirs. Il devait avoir ses caches.
   - Pour quoi faire ?
   - Des remords.
   Elle considère le document. Me regarde. L'heure est grave. J'avoue.
   - C'est moi qui l'ai écrit, pour voir ta réaction.
   Elle considère l'écriture :
   - Farceur !
   Ça lui ouvre des perspectives. L'ancêtre n'a pas dû lire tous ses poèmes. Il est toujours intéressant de savoir pourquoi un auteur délaisse certains essais. Il devait faire une sélection. Sur quels critères ? Je la vois déjà explorer la maison. Si je suis d'attaque, elle en trouvera encore un ou deux. Mais pas question d'abandonner mes légumes pour ça.
 
Crédits :

© texte R.Biberfeld - 2011<
© photos jhrobert  - 2011


 Le plat de légumes accompagnés d'un rôti a été cuisiné par l'auteur et servi dans de la faïence XIXe Keller & Guérin - Lunéville



Soupière Keller & Guérin - Lunéville


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