Dans cet écrit, il est fait référence à la nouvelle traduction des
Héraclides d'Euripides par Fred Bibel.
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On a offert un sac de haricots noirs au maraîcher,
il en a planté deux rangées dans sa serre, pour voir, et demandé à son
épouse de préparer toute une platée pour les philosophes du potager. Il
y faut un chouriço de chez le Portugais du marché Victor-Hugo, une
belle joue de bœuf coupée façon bourguignon (pour la gélatine et le
moelleux) il fournit les carottes, la viande sera dorée avec les
oignons, au fond du faitout, l’on déposera le chouriço et une bonne
quantité de haricots noirs là-dessus, une bonne couche de carottes,
saler, poivrer, thym, laurier, de l’eau froide par-dessus, recouvrant
les couches successives, ébullition, longue cuisson à petit feu.
Il est question des Héraclides, autrement dit des fils
d’Héraclès, dont Eurysthée, le roi de Tyrinthe, veut la peau. Il
a déjà forcé leur père à exécuter douze travaux dont il n’aurait pas dû
revenir. Rendu fou par Héra, le fils de Zeus a tué sa première femme et
ses enfants. Il a été condamné à servir douze ans chez Eurysthée. Douze
ans, douze travaux. Le compte y est. L’on comprend mal que ce méchant
roi, après avoir exilé les enfants de son souffre-douleur, les empêche
de s’établir ailleurs. Le protocole est le même, les fugitifs se
présentent en suppliants, et, au moment où l’on va les accueillir,
Eurysthée se présente, avec des troupes nombreuses. Une seule cité ne
s’est pas laissé impressionner, Athènes où règne le fils de Thésée. On
interroge les oracles, qui précisent que les troupes athéniennes
l’emporteront si l’on sacrifie une fille de bonne famille. Une enfant
d’Héraklès se présente : on lui tranche la gorge en grande cérémonie,
les Athéniens écrasent l’armée des Argiens. On livre Eurysthée à
Alcmène, la mère du demi-dieu, qui le fait mettre à mort, malgré les
fortes réticences d’Athènes, ce qui est, pour le moins, indélicat.
Le maraîcher a pondu une pièce de circonstance :
Avoir
une demi-dieu parmi ses domestiques
Savourer ce plaisir pendant au moins douze ans
Cela ne suffit pas à un roi si puissant
Un larbin qui se joue des tâches prosaïques
Comment lui faire sentir le poids de la trique
Il faut lui imposer des travaux éprouvants
Avec un peu de chance il crèvera avant
Pour en venir à bout fallait une tunique
Il reste ces enfants dont il a pris ombrage
C’est d’un petit esprit de croire son prochain
Affligé d’un esprit aussi bas que le sien
Il les pourchassera jusqu’à ce qu’on les livre
Ils peuvent supplier en tout temps en tout lieu
Il écume et sa meute en aboyant l’enivre.
– J’attendais un peu mieux, dit Fred Caulan, mais il a
bien vu la rage dont la pièce est baignée, celle d’Eurysthée, et celle
d’Alcmène à la fin.
La femme du maraîcher prend d’emblée le crachoir, puisque
c’est elle qui préside :
– La mise en place est simple : la scène se passe à
Marathon, ce qui ne peut que flatter le public Athénien. L’on voit un
temple et un autel de Zeus couvert le guirlandes et de bandelettes.
Iolaos, le vieux compagnon d’armes d’Héraclès, nous conte les misères
d’une petite troupe de fugitifs placés sous sa houlette. Deux
vieillards la conduisent, il veille sur les garçons, Alcmène sur ses
petites-filles. Les garçons ne pipent mot. Un geste doit suffire pour
évoquer leur présence. Survient un héraut qui entend ramener à Argos le
vieillard et les enfants, les vieillards de Marathon sont alertés par
les cris. Chacun s’explique : en tant que citoyens d’Argos les fugitifs
dépendent d’Eurysthée. Arrive enfin Démophon, le fils de Thésée. Le
héraut parle en maître, il exige qu’on lui remette les suppliants et
offre l’amitié de son prince, et de toute son armée. Je ne sais
pourquoi, j’ai pensé au Matamore de l’Illusion
Comique.
Ça sent l’hybris à plein nez, le bonhomme veut imposer à un roi, sa
volonté, et celle son maître supposé plus puissant que son
interlocuteur. Démophon a le toupet de vouloir entendre les deux
parties. Les arguments du héraut sont méticuleusement réfutés par
le vieillard. Par principe, on ne dicte pas sa conduite au roi
d’Athènes, qui ne peut s’empêcher de glisser au passage qu’il ne règne
pas en maître comme chez les barbares — et toc — la consultation
populaire donne raison au vieillard, mais il y a un hic : c’est à dire
un oracle qui annonce que les Athéniens ne l’emporteront à coup sûr que
si on sacrifie une fille de bonne famille. Démophon n’est pas chaud,
ses sujets non plus… Iolaos propose de se sacrifier, ce qui est
grotesque, il n’est pas une jeune fille. C’est alors que Macarie se
présente. C’est une fille d’Héraclès, on ne peut plus noble. Deux
quartiers du côté du Zeus, je ne sais combien du côté de Persée. Son
discours est ferme, émouvant de surcroît. Iolaos, réclame, avant
l’engagement, qu’on lui donne des armes qu’il est incapable de porter
jusqu’au champ de bataille. À peine s’il peut se porter lui-même : il
doit s’appuyer à un serviteur. Il endossera sa cuirasse le moment venu,
et il faudra le hisser sur son char. Déroute des Argiens, Iolaos part à
la poursuite d’Eurysthée, en priant les dieux de le rajeunir au moins
pour une journée. Zeus et Hébé descendent sur le timon de son char,
chose faite. Heureusement que tout cela nous est conté par un messager,
ça laisse reposer le deus a machina.
On ramène Eurysthée à Alcmène, qui ne se connaît plus de joie. Petit
os. On ne peut tuer à Athènes ses ennemis que sur le champ de bataille.
Pas question de le faire après. Encore un coup d’hybris. Alcmène ne
respecte pas les lois de la Cité qui l’a accueillie. Le coryphée
comprend. Fabula acta est.
L’on s’accorde à reconnaître que ce compte-rendu respecte
l’esprit du drame.
– En fait, la haine qu’Eurysthée a voué aux Héraclides,
est antérieure aux travaux infligés à leur père, dit Lucie Biline Il
n’était pas encore né qu’il avait de bonnes raisons de le haïr. Il
descend, comme Héraclès, de Persée, il est le cousin germain en outre
d’Amphitryon et d’Alcmène. Il aurait dû naître après lui. Pour
avantager son fils, Zeus avait prédit qu’un descendant de Persée
règnerait sur Tirynthe, Mycènes, et Midée, en Argolide. Héra s’arrange
pour qu’Eurysthée naisse avant Héraclès. Ce qui fait de lui un grand
prématuré, mis au monde à sept mois, peut-être un avorton. la tradition
fait de lui un freluquet, tremblant presque de peur devant le héros
condamné à le servir douze ans. Il est même incapable de lui notifier
directement ses ordres. Il les lui fait passer par quelqu’un d’autre,
et le somme de poser ce qu’il rapporte de ses travaux devant les portes
de Mycènes. La légende dit qu’il se serait fait faire une jarre
de bronze pour s’y réfugier au cas où Héraclès ferait mine de s’en
prendre à lui. Il me fait penser à un président qui, copieusement
insulté par un homme juché sur une terrasse, lui dit : « Viens me le
dire en face si tu l’oses » alors qu’il est lui-même entouré
d’une dizaine de gardes du corps. C’est une haine née de l’envie, qui
ne peut s’assouvir que sur des êtres plus faibles, un vieil homme, une
vieille, des enfants. Il parle fort parce qu’il a derrière lui toute
une armée, celle de trois cités argiennes. Le public connaît cette
histoire. Une vraie coalition contre une seule ville. Athènes n’est pas
une ville comme les autres.
Luc Taireux entend faire un sort à la crainte, affichée
par Eurysthée, que les enfants d’Héraclès ne viennent un jour lui faire
payer ses indélicatesses. Ce n’est pas qu’un prétexte, il y croit. Il
demande à Alcmène, innocemment, si elle n’aurait pas agi comme lui, si
elle avait été à sa place. Cette obstination à justifier une haine
implacable contre des fugitifs qui n’en peuvent mais, mérite qu’on s’y
attarde. Combien de fois a-t-il entendu, dans les tribunaux où on le
somme à l’occasion de donner son avis sur l’état mental d’un accusé,
cette phrase sublime : « C’est sa faute, après tout ».
– Il ne faut pas oublier,dit Marie Verbch, que cette pièce
est la plus décriée par la critique. Dans mon édition savante, je
m’efforce de la réhabiliter. Pourquoi les Alexandrins ont-ils retenu
celle-ci, dans une anthologie qui en compte dix-huit sur…
quatre-vingt-douze, soit un peu plus du cinquième ?Pourquoi d’abord
plus de pièces d’Euripide que des autres ? Le choix s’est fait à
l’époque hellénistique, qui en tient, dans sa statuaire, pour le
réalisme le plus cru. La pièce serait tronquée, une bonne centaine de
vers ou plus aurait disparu. Une œuvre peut être revue au fil des
représentations. Par exemple l’Andromaque de Racine, où le dénouement
prend un autre sens pour mieux répondre au public féminin. Le
personnage de Macarie est anonyme dans le résumé de la pièce. Quand on
pense que son nom signifie la bienheureuse… Son personnage tomberait un
peu trop à point, pour ajouter un peu de pathos. Surtout pour résoudre
un dilemme. Alcmène n’évoque pas son sacrifice. Et si celui-ci
expliquait la rage d’une mère blessée…. Eurysthée serait le seul, à
part Macarie, à montrer un peu de dignité. Je noterai la prétérition
initiale : je n’évoquerai pas l’influence d’Héra. Il lui est facile,
après ça, de revendiquer la responsabilité de ses actes… Pourquoi cette
pièce a-t-elle donc été choisie ? À nous de nous débarrasser de tous
nos préjugés sur la manière d’Euripide. Alceste préfère être morte que
veuve, plutôt que de tomber entre les mains d’un autre Thessalien,
Médée a cet avantage sur les autres femmes, qu’on ne peut impunément la
plaquer — combien de femmes ne souhaiteraient pas disposer de tels
pouvoirs à ces moments-là, ou quand elles sont affligées d’un tyranneau
sadique ? Macarie préfère se sacrifier plutôt que de subir les
privautés qu’on inflige aux captives. Peu importent le rang, le
pouvoir, il suffit de peu de chose pour faire de nous de pauvres
diables. La grandeur, la noblesse ne sont que de vains mots. Je n’irais
pas jusqu’à préciser que le fils de Thésée ne peut livrer des
suppliants sans se montrer indigne de son sang et de sa race. Je
m’aventurerai hors de mes plates-bandes, en parlant d’un Surmoi
encombrant. Il retarde l’échéance en consultant son peuple, et, une
fois convaincu qu’il disposera de combattants décidés, et de l’aide des
dieux, il peut marcher au combat. Ce grand roi montre qu’il n’est
pas prêt à sacrifier une de ses filles pour mettre à l'abri les autres.
Bienvenue, les héros, on entre dans le vrai monde.
– Ce qui ne les empêche pas de préserver leur grandeur,
susurre Lucie Biline, en savourant le plaisir de reprendre sa mentor.
Vous vous êtes montrée bien plus réservée dans votre présentation. Cela
dit, les critiques modernes ne devraient pas oublier qu’ils ont affaire
à Euripide, qui n’aime rien tant que démythifier les dieux et les
héros. Les autres ont leurs repoussoirs, comme Créon chez Sophocle,
peut-être Zeus face à Prométhée, dans Eschyle. Je crains que le tombeau
d’Eurysthée ne soit un clin d’œil à celui d’Œdipe à Colonne. Il est
vrai que les Athéniens ont plaidé sa cause après le combat. Le discours
d’Eurysthée a quand même de la gueule, pour quelqu’un qui se sait
perdu. Alcmène ne peut franchement avouer qu’elle sacrifie un misérable
qui ne peut se défendre, pour venger le sacrifice volontaire de sa
fille. Elle met hors d’état de nuire un être impuissant, et se montre
ainsi moins noble que sa fille. Tout se passe au ras du caniveau, avant
l’arrivée de Macarie, et tout revient au ras du caniveau après, suivant
les lois de la gravitation universelle. La frénésie du vieillard
clopinant, incapable de porter ses armes jusqu’au champ de bataille,
est aussi belle que risible. Il ne peut se hisser sur son char qu’avec
l’aide d’Hyllos, pour partir à la poursuite d’un avorton qui ne pense
qu’à décamper. Et il faut qu’Hébé et Zeus descendent en personne lui
redonner une jeunesse éphémère. Iolaos pourrait le tuer, il préfère le
ramener, suprême humiliation, chargé de chaînes, à la mère d’Héraclès.
Eurysthée répète un oracle selon lequel son tombeau servira de rempart
à Athènes, et repoussera les assauts des Héraclides, ce qui empêche
évidemment d’abandonner son cadavre aux chiens comme le voudrait
Alcmène.
– Au moins, fait remarquer Fred Caulan, souligne-t-il
l’effet de loupe que produit le pouvoir. C’est le rêve de tout bipède :
quand on veut, on peut, et on fait. Xerxès croit pouvoir enchaîner le
monde entier, il se trompe, mais il essaie, comme Aegyptos croit
pouvoir s’emparer des Danaïdes. Les abus de pouvoir sont quotidiens.
Les bons princes son rares. On les trouverait, selon les tragiques
athéniens, à Athènes plus qu’ailleurs. Socrate, avant le procès de deux
amiraux efficaces, se serait entendu dire par un citoyen qu’il essayait
de ramener à la raison, je peux voter, je fais ce que je veux. Pas
besoin de chercher plus loin la raison des votes dits nuisibles. On
devrait relever certains propos des êtres les plus irréprochables chez
Euripide. Qu’est-ce qu’on dirait de moi, si j’abandonnais les enfants
d’Héraklès ? En tant qu’Athénien je ne puis livrer des suppliants à un
sauvage qui est entré dans mes terres. Euripide adore dévoiler les
ressorts les plus secrets des princes irréprochables.
Nicolas Siffe n’arrivait pas à se défaire d’une idée sur
le succès d’Euripide chez les Alexandrins. Eschyle lui semble plus
grand, Sophocle plus solide. Il a l’impression qu’Euripide travaille à
fleur de peau, mais sait gratter où ça fait mal. Ses chœurs sont bien
plus courts que ceux des deux autres, sans doute plus faciles à
retenir. On ne chante guère du Mozart dans les rues de Vienne, les
chœurs de la Neuvième Symphonie, sont juste bons à fournir un hymne
européen ; le chœur des esclaves hébreux, dans le Nabucco, a servi de
chant de ralliement quand l’Autriche occupait le nord de l’Italie, il a
même failli devenir l’hymne national italien. On chante l’air du toast
de La Traviata dans les mariages. En pleine époque wagnérienne, Verdi
propose des tubes que l’on aime à reprendre en chœur… Et si Euripide en
avait fourni, des tubes ?
– Ronsard me célébrait
du temps que j’étais belle, rappelle Claudie Férante, et c’est
une servante qui chante. On a oublié l’air.
– La Chanson de Roland
propose de beaux morceaux de bravoure, ajoute Nicolas Siffe que l’on
peut scander sur un air lancinant, pas vraiment différent du rap de nos
banlieues.
– Comme l’Iliade
et l’Odyssée, précise Lucie
Biline, dont les petits Athéniens arrivaient à retenir de longs
morceaux.
René Sance, de confession calviniste, a appris des psaumes
traduits par Marot et mis en musique par Goudimel.
Fred Caulan semble retenir la peur qui ronge les
personnages. Celle d’Eurysthée, l’avorton, épouvanté à l’idée qu’on
puisse lui demander des comptes, celle qu’inspire la crainte de se
montrer inférieur à sa réputation ou à son rang — l’on ne pourra pas
dire que… — d’être exposé aux sévices d’un maître, qui vous tuera si
vous êtes un garçon, et fera de vous sa chose si vous êtes une fille.
Le sacrifice de Macarie répond aux deux motifs, on ne traitera pas
comme une serpillère abandonnée à un fox une fille d’Héraklès.
L’histoire récente nous rappelle que dans certaines situations nous
aimons à humilier nos semblables. Une jeune femme s’amuse à tenir en
laisse un Irakien que l’on vient de capturer. Ce qui se passe à
Guantanamo fait froid dans le dos. Ce n’était rien à côté d’une Algérie
encore française. Quant au calife qui livre des villes entières à la
férocité dévote de ses troupes… On comprend les dames kurdes qui se
font sauter au milieu de combattants islamistes. Rongé de trouille,
Eurysthée révèle celle des autres. Il faut éviter l’hybris, répétaient
les grands tragiques. La peur et le soulagement ravageur d’Alcmène nous
prouvent que cette hybris est inscrite dans nos gênes.
– Un personnage d’Aristophane, dit Marie Verbch, va porter
ses vêtements en lambeaux et ses chiffons à Euripide, qui les utilisera
dans sa prochaine tragédie. En faisant la part de l’exagération, notre
auteur adore les personnages démunis, sur lesquels pèse une lourde
menace. Je ne suis pas sûr que Sophocle se soit privé de ce genre
d’effet quand il montre Œdipe arrivant à Colonne, ou Philoctète. Mais
cela semble systématique chez Euripide. Un vieillard qui veille sur des
enfants (Hyllos l’aîné sert d’éclaireur) une femme aussi vieille
enfermée dans un temple avec ses petites-filles, l’angoisse d’être
livrés à leurs pour-suivants, arrachés des autels auxquels ils
s’accrochent — le premier personnage qui se présente est un héraut
brutal (je ne sais si l’auteur incrédule veut souligner l’inefficacité
des autels) il y a là de quoi tirer des larmes, sauf à Aristophane. Et
ce sont de vieilles gens de Marathon (je rappelle le prestige chez les
Athéniens des vétérans de Marathon) qui viennent prêter main forte. On
croit aux dieux, le ciel est vide. C’est ce que suggère une jeune fille
déjà condamnée par un oracle (on dirait que l’auteur lutte à sa façon
contre l’infâme). On voit se fissurer à la fin le personnage d’Alcmène,
qui ne tient aucun compte des lois d’Athènes. Je soupçonne une
hypocrisie de Démophon : je vais mettre Eurysthée entre les mains de sa
pire ennemie (merci Iolaos) devant des citoyens qui en émettant des
réserves ne feront rien pour l’arrêter. Joie mesquine : on a voulu
corriger «qu’on le jette aux chiens» par «qu’on l’amène au
bûcher», l’on a eu tort, c’est minimiser la rancune effroyable
d’Alcmène. Eurysthée permet de montrer ce qu’il y a derrière la façade.
Lui, il ne décevra jamais, il est aussi utile à l’humanité qu’un
furoncle à ma fesse. Macarie ne se trompe pas qui ne se sacrifie que
pour lever tous les obstacles. Le récit du combat montre bien
l’incapacité d’Eurysthée. Les Athénienst laissent les autres s’enfoncer
dans nos lignes pour les prendre en tenaille. Pas besoin d’attendre
Alexandre pour connaître cette tactique. Le narrateur en est confondu
d’admiration. L’apparente fermeté d’Eurysthée avant de mourir répond à
ses humeurs de bravache. Heureusement que Macarie est là pour montrer
un peu de lucidité. Chacun fait ce qu’il a à faire, arrimé à l’idée
qu’il a de lui-même. On songe à ce vers de Baudelaire :
Que cherchent-ils au ciel tous ces aveugles ?
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texte et dessin René Biberfeld - 2014
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